HISTOIRE
DE L'EGLISE DE L'UNIFICATION
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Maintenant je voudrais vous décrire combien ce travail était
pénible. Ils travaillaient par équipes de dix personnes. En
Corée il existe de très grands sacs faits en paille de riz. Une
personne est supposée en charrier 130 et dix personnes 1300. Ils
commençaient à travailler à 9 heures du matin, prenaient
seulement 30 minutes pour le repas de midi et s'arrêtaient à cinq
heures du soir, en tout, cela faisait sept heures et demie de travail.
Travailler huit heures par jour, semble très normal, c'est normal selon
le rythme de notre monde, mais dans ce camp de travail les prisonniers
travaillaient comme des machines humaines et mis à part le moment du
repas de midi, ils n'avaient pas une seule minute de repos. Ils devaient
toujours être en action.
Quatre personnes travaillaient toujours ensemble. Quatre personnes tenaient les coins du sac de riz tandis que deux autres remplissaient le sac à coup de pelles chargées d'engrais. Ils faisaient cela quatre fois chacun (c'est-à-dire que 8 pelles suffisaient à remplir le sac) puis ils devaient le porter sur une balance pour le peser. Au fur et à mesure de leur travail, la distance, pour aller à la balance, s'allongeait parce qu'ils avaient commencé par ôter l'engrais à l'endroit le plus proche de la balance, plus ils entamaient le tas d'engrais plus ils devaient aller le chercher loin de la balance pour remplir leurs sacs. Il ne leur était pas possible de changer la balance de place parce que le temps qu'ils auraient perdu pour l'ajuster était si précieux qu'ils préféraient faire l'allée et venue. Faire le pesage sur la balance devenait une routine, une simple formalité. Peu importait si les sacs étaient trop emplis ou pas assez, ils n'avaient pas le temps d'y mettre le poids égal sinon ils n'auraient jamais pu venir à bout du travail imposé pour la journée.
Après avoir pesé les sacs, ils les emballaient très rapidement et les chargeaient sur un camion. Ils travaillaient à la cadence d'un sac, toutes les 20 secondes. A cause de leur travail si difficile, une santé ordinaire ne pouvait résister. Beaucoup sont tombés malades et sont morts. La plupart des équipes étaient incapables d'accomplir leur tâche. Pourtant l'équipe dans laquelle était Notre Maître remplissait sa tâche chaque jour aussi quand on reforma les équipes, chacun voulut être dans celle de Notre Maître. Durant deux ans, il reçut chaque année une récompense en tant que prisonnier exemplaire, mais Notre Maître ne la recevait pas à cause de sa fidélité au communisme mais parce qu'il accomplissait le but qu'il s'était fixé lui-même.
De plus ce travail était dangereux car en enfonçant la pelle dans le tas d'engrais ils recevaient de l'ammoniac sur les mains, et leur peau ne cessait plus de peler, quelquefois on voyait l'os. Parfois il leur arrivait de se blesser aux jambes avec la pelle et cette blessure mettait longtemps à guérir.
Le travail était tel que même en hiver ils travaillaient seulement vêtus d'un pantalon, quand ils avaient fini leur travail on aurait pu croire qu'ils sortaient d'une piscine tellement ils étaient en sueur.
Mais Notre Maître, parce qu'il avait une mission spéciale venant de Dieu et que Dieu le considérait comme une personne spéciale, ne pouvait montrer son corps aux autres personnes, ainsi il portait toujours des manches longues un gilet de corps et des pantalons long. Il employait aussi une méthode particulière pour conserver sa santé. A 21 heures ils allaient se coucher. C'était aussi l'heure à laquelle on donnait une tasse d'eau à chacun. On la leur donnait qu'ils le désirent ou non parce que si certains l'avaient désirée plus tard alors que d'autres dormaient déjà, cela aurait semé la confusion dans la prison. Ils buvaient tous leur eau aussitôt qu'elle leur était donnée mais cela ne suffisait pas à les désaltérer. Au contraire Notre Maître ne buvait pas son eau. Il avait l'habitude de prendre sa serviette et de la mouiller toute entière avec soin, puis il la plaçait dans un endroit sûr, il se levait très tôt le matin et massait tout son corps avec la serviette humide, tandis que les autres dormaient encore. C'est un des moyens par lesquels il put rester en bonne santé jusqu'à la fin.
Après leur journée de travail, beaucoup de personnes étaient fatiguées et avaient chaud trés souvent ils allaient se baigner dans l'eau sale malgré les blessures de leurs jambes et de leurs mains (il n'y avait pas de cours d'eaux propres). Ainsi à force d'aller dans des eaux sales pour s'y laver ils aggravaient leurs infections et leurs maladies. Notre Maître ne s'endormait jamais à la même heure que les autres et de même, il était toujours réveillé avant les autres.
Le dimanche les prisonniers ne travaillaient pas, mais ils étaient si fatigués qu'ils n'avaient pas le courage de se lever, ils dormaient toute la journée on aurait dit des cadavres. Mais Notre Maître ne dormait jamais le dimanche. Il préférait s'asseoir et non pas dormir et il méditait toute la journée. Notre Maître ne priait jamais Dieu pour lui rappeler combien son travail était urgent au moment où il vint en prison et que cela retardait la dispense, "Je t'en prie fais moi sortir d'ici pour que je puisse prêcher à nouveau". Il ne priait jamais ainsi car il savait que Dieu connaissait sa situation et le lui rappeler aurait fait souffrir encore davantage le coeur de Dieu. Il priait pour les membres de la Famille qu'il avait laissé derrière lui à Pyongyang. Il les appelait, chacun, par leur nom et demandait à Dieu de préserver leur foi jusqu'à ce qu'ils se retrouvent. Il priait trois fois: le matin, puis au repas de midi et le soir. Parfois il n'avait aucun temps au repas de midi. Alors il criait tout fort les noms des membres en guise de prière. Il arrivait que Notre Maître apprenne que tel membre de la Famille s'éloignait de notre église - parfois par des anges qui lui apportaient le message, parfois il le pressentait - mais il continuait toujours à prier pour tous les membres jusqu'au dernier parce qu'il devait les dédommager du temps et de l'amour qu'ils lui avaient voués: Si un membre de la Famille commettait des péchés pour la deux ou troisième fois, un ange venait lui en rendre compte. Il y avait des fois où Notre Maître n'aimait pas être en rapport avec le monde spirituel. Il n'aimait pas être tenu au courant grâce aux anges parce qu'il voulait atteindre la perfection avec ses moyens d'hommes; et lorsqu'il connaissait trop clairement trop en détail les péchés d'une personne, il lui devenait difficile de travailler avec elle sachant qu'elle commettait de tels crimes.
Tout comme Notre Maître l'espérait avant de venir en prison, il trouva plus de 12 membres au sein de la prison. Un des membres s'appelait Kim. Il était en quelque sorte la "tête" dans la cellule de cette prison spéciale. Son père décédé lui était apparu tous les soirs pour lui demander de servir le prisonnier portant le numéro 596 sur son uniforme. Le chiffre 596 avait une consonance voisine de celle d'un mot Coréen qui veut dire "injustice" "le maltraité". Quoique le père de Kim lui enseignait chaque nuit de servir le prisonnier numéro 596 comme un maître, il lui était impossible de le faire, les circonstances de la prison ne s'y prêtaient pas. Une nuit le père de Kim lui apparut encore et lui demanda de le suivre, et c'est ainsi qu'il fut conduit après beaucoup de marches à un endroit élevé. Son père lui demanda de le suivre et de faire la même chose que lui. Il commença à gravir les marches et posa d'abord le pied droit, il monta une, puis deux, puis trois marches puis il se prosterna. Toutes les trois marches il saluait et son fils l'imitait. Au sommet des marches, il eut peur d'ouvrir les yeux et de relever la tête après avoir salué. Le père lui dit: "Lève la tête et regarde droit devant toi". Lorsque Kim regarda il vit un trône, ressemblant à un siège de roi, sur lequel était assis son compagnon, le prisonnier numéro 596.
Il y avait un autre homme appelé Park. Il était le chef de tous les prisonniers. Il était en quelque sorte le président de leur propre groupe. Grâce à sa position il avait droit à certains privilèges et quelquefois il prenait du temps et venait voir Notre Maître pour parler avec lui. Lorsque Notre Maître lui parlait de lui-même, de la Bible ou de Dieu, cet homme nommé Park lui opposait toujours des arguments. Mais la nuit ses ancêtres lui apparaissaient lui disant: "Sais-tu qui il est ? Pourquoi t'opposes-tu à lui ? Ne t'oppose pas à lui. Ecoute le simplement et obéis à ses paroles",. Il disait "Oui" à ses ancêtres, leur promettant de le faire mais la fois suivante alors qu'il était avec Notre Maître et parlait de Dieu et de la Bible, c'était encore plus fort que lui et il se mettait de nouveau à contrecarrer les propos de Notre Maître. Alors sans cesse la nuit ses ancêtres lui apparaissaient et lui demandaient pourquoi il n'avait pas écouté les paroles de Notre Maître malgré sa promesse, ils le réprimandaient pour que la fois suivante il cesse de discuter. Mais c'était un homme obstiné et volontaire et pas très intelligent. Il se contentait d'argumenter sans cesse. Mais il finit, enfin, par devenir un disciple de Notre Maître.
Quand ces gens qui étaient tous des prisonniers devenaient des disciples de Notre Maître, ils étaient emplis de tristesse en voyant que Notre Maître devait travailler si dur et ils disaient à Notre Maître, que s'il le désirait il n'était pas obligé de travailler si dur, qu'ils pourraient poser cette condition. Ils lui disaient qu'ils feraient son travail pour qu'il n'ait pas à travailler du tout. Mais Notre Maître refusait. Il leur disait: "Non je dois expérimenter les circonstances les plus dures de cette prison. Telle est la volonté de Dieu".
La nourriture de la prison était terrible et beaucoup de personnes recevaient de la nourriture provenant de l'extérieur, de leur famille, principalement de la poudre de riz car ici on ne leur donnait pas de riz mais d'autres graines blanches à la place. En prison la valeur du riz était si grande que beaucoup faisaient du marchandage. Pour obtenir une tasse de riz ils offraient volontiers un morceau de terrain à recevoir après leur sortie de prison (pyung = morceau = 2 m2).
A ce moment-là un vieux pasteur se trouvait en prison ainsi que son gendre. Son gendre souffrait depuis quelques temps déjà de la malaria et quoique son beau père, le pasteur, ait eu des médicaments pour le soigner il ne voulait pas les lui donner. Ils avaient tous le cerveau dérangé. L'atmosphère n'était pas du tout chaleureuse.
Certains recevaient de la poudre de riz provenant de l'extérieur; de leur famille, cette poudre était généralement contenue dans des sacs fermés qu'ils utilisaient comme oreiller pour la protéger et éviter qu'on ne la leur dérobe pendant leur sommeil. Parfois un homme vraiment très affamé aurait aimé en avoir un peu et il n'avait pas d'autre solution que de le dérober à l'aide d'un instrument, une aiguille par exemple. Ainsi il perçait le sac et pouvait obtenir un peu de poudre de riz. La nourriture atteignait cette valeur là.
Notre Maître aussi recevait de la poudre de riz mais il était incapable d'agir ainsi. Il gardait son sac de poudre de riz dans un coin. Il ne dormait pas avec. Mais un matin, il remarqua qu'une grande quantité manquait. Notre Maître ne dit rien et il n'avait pas l'intention de dire quelque chose, mais ses compagnons ne restèrent pas tranquilles. Ils disaient: "Si nous ne trouvons pas la personne qui a volé la poudre, chacun d'entre nous sera accusé ou considéré comme un voleur, donc nous devons trouver ce voleur de poudre". Ils trouvèrent la personne qui avait volé la poudre. Alors ils dirent à Notre Maître: "Nous avons trouvé le coupable mais tu es le seul qui puisse le punir". Alors notre Maître répondit: "Comme il doit être affamé pour aller jusqu'à voler la nourriture de quelqu'un d'autre, laissons le manger au moins une fois à sa faim avant sa mort" Ainsi, il lui donna tout le sac. Mais l'homme était très embarrassé. Il était désolé, il avait peur et il ne put manger, il tenait la tête baissée et ne bougeait pas. Notre Maître dit alors "Ce n'est pas un péché que de manger lorsqu'on a faim", aussi il prit le sac contenant le riz et le donna à cet homme. Mais les prisonniers qui avaient trouvé le coupable se plaignirent. Ils se plaignaient disant que tous connaissaient la faim. "Nous avons tous faim mais nous endurons cela et nous patientons. Il n'a pas été patient, il n'a pas enduré sa faim et à cause de cela il a volé. Maintenant nous trouvons le criminel, tu ne nous en remercies même pas et au lieu de cela tu lui donnes encore plus de nourriture".
Quand un des disciples de Notre Maître vint le voir en prison, Notre Maître était vêtu de haillons et même ses chaussures étaient dépareillées, une était trop grande, et l'autre trop petite. Le disciple se sentit tellement mal à l'aise en voyant Notre Maître porter des chaussures si dépareillées et en si mauvais état qu'il revint le lendemain lui apporter des chaussures neuves. Lorsque le disciple revint voir Notre Maître la fois suivante, il pensait le voir porter les chaussures neuves et les vêtements neufs qu'il lui avait donnés la fois précédente, mais lorsque Notre Maître vint il portait de nouveau ses chaussures éculées et dépareillées et son corps était vêtu de haillons. Quand le disciple vit Notre Maître dans cet état, il lui fut impossible de lui demander ce qu'il avait fait de ses nouvelles chaussures et de ses habits neufs parce qu'il se sentait trop humble pour regarder Notre Maître, il ne se sentait aucun courage pour lui poser cette question, il avait peur. Plus tard, il apprit de la bouche d'un autre prisonnier que Notre Maître donnait toujours ses chaussures neuves et ses habits neufs aux autres et qu'il ne gardait pour lui que les vieilles choses.
En prison il leur était interdit de parler de questions personnelles. Selon la volonté des communistes il y avait toujours, dans la prison, un membre du parti qui agissait en tant qu'agent de la police secrète. Personne ne savait jamais qui était cette personne de la police secrète aussi ils avaient peur de parler. Dans de telles circonstances, Notre Maître et ses disciples se côtoyaient dans la prison sans pouvoir se parler. Néanmoins, en silence ils communiquaient et s'entendaient très bien.
Voici comment ils servaient Notre Maître. Lorsqu'ils étaient assemblés sur le terrain, les disciples couraient vers lui en premier. Et parfois lorsqu'ils avaient de la nourriture, par exemple de la poudre de riz, ils ajoutaient de l'eau pour en faire un gâteau, puis ils le cachaient sous leur ceinture ou quelque part sous leurs habits et ils l'apportaient en secret à Notre Maître pour que personne ne puisse s'en apercevoir. Cela peut nous sembler peu hygiénique, parce qu'ils gardaient cela à même leur peau, mais Notre Maître était tellement touché et tellement reconnaissant envers ses disciples qui préféraient endurer la faim, et ne pas manger ce morceau de gâteau pour le lui donner.
Le 25 juin 1950, la guerre de Corée éclata. L'armée communiste balaya la partie Sud de la péninsule Coréenne jusqu'à son extrémité la plus au sud en moins d'une semaine. Pendant ce temps les forces militaires des Etats-Unis ainsi que celles des Nations-Unies vinrent soutenir la Corée et marchèrent vers le nord. Puis en septembre le général Mac-Arthur débarqua dans le port de Inchon et à partir de ce moment les troupes des Nations-Unies avancèrent en renfort vers le nord. Les Nations Unies bombardaient les villes importantes de la Corée du Nord. Leur tactique était extraordinaire. Un groupe de bombes était laché horizontalement tous les quelques kilomètres, tandis qu'il en était de même pour un autre groupe lâché verticalement, ainsi ils bombardaient selon un échiquier. Les habitants de la ville n'avaient aucun moyen d'échapper à la mort.
A Hung Nam les prisonniers avaient très peur. Ils savaient que lorsque les bombes viendraient ils n'auraient aucune chance de survie. Ils avaient presque perdu espoir. C'est alors que Notre Maître reçut un message de Dieu lui disant qu'il le protégerait afin qu'aucun éclat de bombe ne tombe près de lui, et qu'il serait entièrement sauf. Mais Notre Maître ne pouvait annoncer clairement cela à ses disciples ou aux autres prisonniers, car c'était un secret entre Dieu et lui, cependant il leur dit ceci "En des moments comme ceux-là, où nous sommes attaqués, nous devons rester très près les uns des autres et mourir ensemble si nous devons mourir ou vivre ensemble si nous survivons". Ainsi beaucoup restèrent très près de la personne de Notre Maître, ses disciples, les autres prisonniers et tous ceux qui avaient des idées démocratiques aussi bien que tous ceux qui étaient communistes. En de tels moments, chacun laissait de côté ses opinions (politiques) car il n'y avait pas d'autre moyen de s'en sortir. Ainsi comme Dieu l'avait promis, lorsque la prison fut bombardée, Notre Maître et tous ceux qui restèrent près de lui survécurent.
Les forces des Nations Unies arrivèrent à Hung Nam le 14 octobre 1950 et libérèrent les prisonniers.
SUR LA ROUTE A PARTIR DE PYONGYANG
Troisème partie
Notre Maître revint à Pyongyang en compagnie d'un disciple nommé M. Park; cela leur demanda dix jours de marche. Là, ils apprirent que l'Armée Rouge chinoise descendait du nord; alors, tous ceux qui étaient anti-communistes ou qui avaient des idées démocratiques commencèrent à descendre vers le sud. Mais notre Maître ne partit pas vers le sud à ce moment-là. Au lieu de cela, il se mit à la recherche de chacun de ses anciens disciples. Il se rendait personnellement chez ceux qui habitaient plus loin.
Quand arriva le mois de décembre, notre Maître continuait toujours à rendre visite à ses disciples. C'est alors que M. Park se cassa la jambe; et il eut toute sa jambe dans le plâtre. Il restait allongé, le coeur empli de tristesse en voyant tous ses voisins s'enfuir vers le sud. Il pensait que notre Maître serait obligé de partir vers le sud sans lui, et il en avait les larmes aux yeux. C'est alors que M. Won Pil Kim vint le voir pour lui dire que notre Maître se préparait à partir vers le sud, et que lui aussi devait se préparer. Alors, son coeur déborda de reconnaissance; il était bouleversé, et il se mit vraiment à pleurer.
Le 4 décembre, notre Maître, M. Won Pil Kim et M. Park s'enfuirent vers le sud. Comme tous les habitants de la ville se dirigeaient vers le sud, les routes étaient encombrées. Il leur était interdit d'emprunter les grandes routes, celles-ci étant réservées aux forces des Nations-Unies qui se retiraient. Ainsi ils s'en allèrent vers le sud par de petites routes, peut-être même à travers la campagne ou à travers la montagne.
P. Park, qui avait la jambe cassée, était un homme de forte stature, à peu près de même stature que notre Maître. Notre Maître se débrouilla pour trouver une bicyclette sur laquelle il mit M. Park. Lui était devant et tirait la bicyclette, tandis que Monsieur Won Pil Kim, qui portait des paquets, était derrière et poussait.
En s'enfuyant, certains emportaient beaucoup de choses qu'ils transportaient parfois à dos de boeuf ou sur des chars à boeufs. Mais, plus ils avançaient vers le sud et plus le voyage devenait difficile; ils devaient alors abandonner certains de leurs paquets. Puis ils abandonnaient le boeuf. Ils faisaient alors de petits baluchons contenant le strict nécessaire et qu'ils portaient eux-mêmes.
Tandis que les réfugiés avançaient, un avion apparaissait parfois dans le ciel et ouvrait le feu en direction du sol. Alors, quand ils entendaient ces coups de feu, les membres de chaque famille devaient se disperser. Dans de tels moments, personne ne pouvait prendre soin de sa propre femme ou de ses propres enfants. Chacun partait de son côté pour essayer de sauver sa propre vie. Imaginez alors, dans de telles circonstances, notre Maître se chargeant d'un homme à la jambe cassée, sur une bicyclette ! Il a dû traverser des montagnes, il a dû traverser un fleuve. Imaginez combien cela devait être pénible de prendre ainsi en charge cet homme.
Mais M. Park ne pouvait plus supporter cette situation. Il supplia notre Maître de partir sans lui parce qu'il avait déjà une jambe cassée et qu'il avait l'impression qu'il mourrait de toute façon, aussi lui demanda-t-il de continuer sans lui plutôt que de mourir avec lui. Mais notre Maître refusa. Il dit: "Ce n'est pas bien de parler ainsi. Nous avons promis à Dieu de vivre ensemble ou de mourir ensemble. Désormais, tu ne devrais plus prononcer de telles paroles". Monsieur Park ne pouvait donc plus rien dire. Et ils continuèrent leur chemin.
Ils arrivèrent à Hwanghae-Do, l'une des provinces de Corée. A environ six kilomètres de là se trouvent la côte ouest de la péninsule et l'île Yong-Mae. Ils apprirent que, s'ils y allaient, ils pourraient trouver un bateau qui les conduirait vers le sud. Alors la petite troupe de notre Maître décida de se rendre à l'île Yong-Mae parce qu'ainsi il leur faudrait moins de temps pour atteindre Pusan. A marée haute on aurait dit la pleine mer, mais, à marée basse, ils pouvaient atteindre l'île à pied. Ils auraient peut-être de l'eau jusqu'aux genoux, mais ils pouvaient marcher. On était alors au milieu du mois de décembre, et il faisait très froid.
Quand la marée fut basse, notre Maître prit M. Park sur son dos. M. Won Pil Kim prit la bicyclette, et ils se mirent en marche. Il n'y avait pas de sable sur la côte. Le terrain était boueux, gluant et glissant. Il était impossible de se reposer en chemin; il n'y avait pas un rocher, rien. Si notre Maître laissait tomber M. Park à mi-chemin, il deviendrait impossible de le sauver. Mais notre Maître parcourut tout ce chemin sans faiblir, en portant cet homme lourd sur son dos.
Quand ils parvinrent à l'île, il y avait là un dernier bateau, mais ceux qui voulaient embarquer étaient déjà trop nombreux. Une mère monta à bord en abandonnant sa fille sur l'île. Sa fille lui criait: "Que veux-tu que je fasse ici ? Et pourquoi pars-tu seule ?" Elle pleurait désespérément. Dans ces tristes circonstances où chacun cherchait à sauver sa propre vie, notre Maître avait transporté M. Park tout au long du trajet jusqu'à l'île. Le dernier bateau parti, notre Maître revint à Hwanghae-Do, le lendemain toujours transportant M. Park sur son dos.
Notre Maître avait une volonté peu commune. Il devait accomplir la volonté de Dieu. Pour un homme ordinaire, d'une force ordinaire, il aurait été impossible de transporter cet homme. Notre Maître avait une grande force de caractère, et une grande force physique également. M. Kim qui, récemment, évoquait ces jours passés, se montrait vraiment étonné de la force de notre Maître.
Entendant M. Kim parler ainsi, notre Maître se mit presque en colère, et il lui dit: "Si vous réalisez qu'en n'accomplissant pas telle chose vous brisez la volonté de Dieu, et si vous pensez vraiment à la volonté de Dieu, alors vous pouvez faire des choses encore plus dures".
Cet incident nous permet aussi de réaliser jusqu'à quel point notre Maître ne connaît que la volonté de Dieu. Qu'il soit en train de manger ou non, qu'il dorme ou qu'il soit éveillé, il ne connaît que la volonté de Dieu.
Comme ils quittaient l'île Yong-Mae pour revenir à la grande île de Hwanghae-Do, notre Maître dit à ses deux compagnons: "Aujourd'hui - il se peut que nous rencontrions quelqu'un qui nous reçoive très bien". Lorsqu'ils arrivèrent à l'île de Hwanghae-Do, dans la province de Hwanghae-Do, ils rencontrèrent des officiers de police qui étaient de garde, qui se tenaient sur la route et inspectaient tous ceux qui passaient. A cause de ses cheveux coupés très courts quand il était en prison, notre Maître fut suspecté par un inspecteur d'être un réfugié de l'armée communiste. Bien sûr notre Maître lui dit que non, qu'il était un leader religieux. Mais l'inspecteur ne le crut pas et ensuite alla même jusqu'à le frapper. Puis il examina de près leurs petits baluchons et découvrit leur Bible. Alors il les crut et les laissa partir, mais en leur ordonnant d'aller vers le nord. Sans aucune destination précise, ils allèrent vers le nord dans la nuit.
C'est alors qu'ils virent briller une lumière rouge. C'est avec une grande joie qu'ils frappèrent à la porte de cette maison. Un homme jeune d'environ trente ans apparut. C'était le propriétaire de la maison, un jeune marié qui avait été instituteur avant la guerre. Lui et sa femme se préparaient à s'enfuir mais ils n'étaient pas encore partis. Il reçut vraiment très bien notre Maître et ses compagnons, s'entretenant avec eux de la difficulté du voyage. Et il leur offrit un bon dîner en cherchant vraiment à les réconforter.
Cette nuit-là, il prit la chambre du haut avec sa femme, et il offrit à notre Maître la partie du bas. C'était la partie la plus chaude, parce que les pièces en Corée sont chauffées par le bas, par un feu qui brûle dans un coin. Ainsi, ils prirent la place du haut et offrirent la pièce du bas à notre Maître; et ils lui donnèrent aussi leur édredon récemment achevé. Le jour suivant, le propriétaire tua son unique poulet et prépara un très bon déjeuner après lequel notre Maître prit congé.
Ensuite, après avoir traversé de nombreuses difficultés, notre Maître arriva à Séoul. C'était vers la fin du mois de décembre 1950. Puis il se rendit à Heuk Suk Dong situé au sud du fleuve Han. C'est là qu'il habitait quand il allait à l'école. Il y revint pour rencontrer un ancien camarade de classe. Il se rendit chez lui, mais ne trouva qu'un mot disant qu'il était déjà parti pour Pusan. Notre Maître rencontra alors quelqu'un qu'il connaissait déjà, chez qui il resta quelques jours.
LA NAISSANCE DE L'EGLISE A PUSAN
Ils quittèrent Séoul le 3 janvier 1951. Ils eurent beaucoup d'aventures sur la route de Pusan. Quand ils arrivaient à un endroit où il y avait des pommes, on leur en donnait à manger autant qu'ils voulaient. Quand ils arrivaient dans un endroit où l'on cultivait le riz, on leur donnait des gâteaux de riz. Beaucoup d'événements semblables survinrent pendant leur voyage.
En cours de route, la jambe de M. Park guérit et on lui ôta son plâtre. Ils arrivèrent dans la ville de Kyung Ju, ancienne capitale de la dynastie des Silla. Pour lors, la jambe de M, Park était complètement guérie. Il leur dit qu'il préférait rester à Kyung Ju, ainsi ils n'auraient pas à rester tous ensemble et rencontreraient moins de difficultés. Il voulait rester là et les rejoindre plus tard. Alors notre Maître et M. Kim continuèrent jusqu'à Ulsan qui n'était pas très éloigné de Kyung Ju, et là ils prirent le train. Mais ce n'était pas un train de voyageurs; c'était un train de marchandises sans toit. Ils ne purent même pas monter à bord. Ils se cramponnèrent à l'avant, là où tournaient les machines et où brûlait le charbon.
Le 27 janvier 1951, ils arrivèrent à la gare de Choyang Young à Pusan. Quelques jours plus tard, notre Maître rencontra un ami dans la rue. Au moment de cette rencontre, notre Maître avait vraiment l'air d'un malheureux. Quand il s'était réfugié à Pyongyang, il portait des vêtements blancs, mais, au moment où il atteignit Pusan, ses vêtements étaient presque noirs de graisse et de boue. Son ami fut très heureux de le revoir, mais il fut très surpris de le voir si sale. Il lui demanda: "Que t'est-il arrivé ? Et depuis quand es-tu ici ?" Et notre Maître lui répondit: "Je suis arrivé il y a quelques jours".
Quand son ami l'invita à se rendre dans sa maison, notre Maître lui dit: "Tu n'as probablement qu'une seule pièce. Comment pourrais-je aller habiter chez toi ?" Son ami lui répondit: "Dans de pareilles circonstances, ces détails-là n'ont pas d'importance. C'est la guerre." Cet ami était M. Aum, un architecte. Ils étaient devenus amis au Japon quand notre Maître faisait partie du mouvement clandestin pour l'indépendance.
Quand M. Aum avait connu notre Maître pour la première fois au Japon, ils étaient devenus des amis très intimes. En Coréen, il y a plusieurs niveaux de langage. Entre amis on utilise un langage particulier; de même, on s'adresse différemment à ses parents, ou à ses professeurs, ou à des enfants. Ainsi notre Maître et M. Aum étaient des amis très proches, très intimes. Mais après que M. Aum eut rencontré notre Maître à Pusan, il commença à recevoir des messages du ciel. Dès lors, il s'adressa à lui comme à un professeur ou comme à un père. Chaque matin, il s'agenouillait et se prosternait vraiment devant lui. A partir de ce moment-là, il le traita comme son maître.
Pendant son séjour à Pusan, notre Maître connut beaucoup de difficultés. Ainsi, par exemple, il travailla très dur dans les docks, là où arrivent les bateaux.
Pendant les froides nuits d'hiver, il travaillait dans l'obscurité, et pendant la journée, quand le soleil brillait et qu'il faisait chaud, il se rendait au sommet de la colline pour prier, pour méditer ou former des projets pour son avenir.
C'est à peu près à cette époque que notre Maître organisa pour la première fois la composition des Principes Divins. Il écrivait très vite au crayon dans son carnet. Quelqu'un à côté de lui aiguisait ses crayons, mais ne pouvait soutenir le rythme auquel il écrivait. Notre Maître écrivait tellement vite que son crayon était déjà usé avant que la personne à côté de lui ait eu le temps d'en tailler un autre. C'était le commencement du livre des Principes Divins. C'est aussi à cette époque que notre Maître commença à enseigner les Principes Divins.
A Pyongyang, il ne donnait officiellement aucune conférence sur les Principes Divins. Il lisait seulement des versets de la Bible qu'il interprétait dans le sens des Principes.
Pendant l'été 1951, il commença à construire une toute petite maison au pied d'une colline. Il utilisa comme matériaux des cailloux et de la terre, des morceaux de bois qui traînaient dans la rue, et des panneaux de carton provenant de boites de raisin. Il les avait obtenus de la base militaire américaine, et il s'en servit pour faire le toit. Le plancher était fait de sable recouvert de nattes de pailles. Quand il pleuvait très fort, la pluie ruisselait sous le plancher.
En 1952 arriva la première femme membre de la Famille. Elle était évangéliste dans une église constituée, et elle était aussi étudiante au séminaire. Elle avait des tentes dans les environs et, durant la journée, elle allait témoigner dans la région. Elle avait entendu dire que deux hommes vivaient dans une cabane, et elle vint témoigner auprès d'eux. Il y avait là aussi une vieille femme venue de Pyongyang, qui était membre de la Famille à cette époque. Notre Maître sortit de la maison et se dirigea vers la colline où il commanda à cette femme de parler à l'évangéliste venue témoigner.
Au bout d'un certain temps, notre Maître redescendit. Il pensait que cette femme évangéliste s'était familiarisée avec la situation. Alors il redescendit et la salua avec quelques paroles aimables. Il lui demanda de parler, puis il lui demanda de prier, et elle pria. Notre Maître l'invita à revenir, puis elle s'en alla. Le lendemain, elle revint pour témoigner. Notre Maître l'écouta tranquillement, et, après l'avoir écoutée, il lui dit: "Moi aussi, je suis chrétien". Alors la femme lui demanda de prier. Tandis que notre Maître priait, elle fut très surprise par sa prière, tant le contenu en était profond et élevé. Elle sut que cet homme n'était pas un homme ordinaire. Alors, elle lui demanda de parler.
Ce que dit notre Maître était nouveau pour elle. Chaque mot était nouveau et la surprenait. Et quand notre Maître lui posa des questions, elle fut incapable de répondre. Mais elle était profondément engagée dans l'église chrétienne, et la tradition chrétienne avait pour elle une telle valeur qu'elle ne put accepter les paroles de notre Maître immédiatement. C'était comme si elle en acceptait la moitié et rejetait l'autre moitié.
Un jour notre Maître lui demanda de prier pour demander à Dieu qui, de lui et de Jésus, était le plus grand. Elle était très sceptique et se demandait comment une chose pareille pouvait être possible. Pendant qu'elle retournait dans sa tête de sombres pensées, il lui arrivait parfois d'être clouée au sol. Elle ne pouvait ni avancer ni reculer, elle ne pouvait rien faire. Habituellement elle priait très bien mais, quand elle avait des doutes, il lui devenait impossible de prier. Les mots ne venaient pas. Alors notre Maître savait qu'elle avait des doutes.
Comme ils étudiaient la Bible, notre Maître lui demanda de chercher tel chapitre, et quand elle ouvrit sa Bible, elle tomba exactement sur la page en question. Puis notre Maître lui demanda de chercher, en Jean, le chapitre tant. Elle calcula à peu près où il se trouvait et, quand elle ouvrit, elle tomba sur la page même que notre Maître lui avait demandé de chercher. Ensuite, notre Maître lui demanda de chercher l'Apocalypse, et la même chose se produisit. Notre Maître répéta cela une dizaine de fois. Elle sentit vraiment alors que ce n'était pas un maître ordinaire; elle eut peur de lui et elle le suivit.
Cette femme fut le premier membre que notre Maître trouva après sa venue dans le sud. Elle s'appelle madame Hyun-sil Kang.
Je vous disais qu'une vieille femme était venue de Pyongyang. Parfois cette femme attirait des ennuis à notre Maître et cela le rendait malheureux. Un jour notre Maître lui dit: "Si vous recommencez une fois encore, vous ne parlerez plus". Or, un jour, elle attira beaucoup d'ennuis à Notre Maître et, soudain, elle fut incapable de parler. Au bout d'un moment, quand son coeur se repentit, elle recouvra l'usage de la parole. Cette femme vit toujours au sein de notre Eglise en Corée
Ainsi, si notre Maître veut accomplir des miracles, il peut le faire. Jésus en son temps n'avait pas l'intention d'accomplir des miracles au début. Jésus accomplit des miracles parce que les gens étaient sans foi, parce qu'ils ne croyaient pas en lui. Il leur montrait des choses extraordinaires et leur disait: "Même en voyant ces miracles, vous ne croyez pas que je suis le Fils de Dieu ?" Parmi ceux qui avaient été soignés ou guéris par les miracles de Jésus, pas un seul n'est demeuré son disciple.
Ainsi, d'après toutes ces expériences, nous en concluons que l'homme ne peut grandir que grâce aux Principes.
L'année suivante, en 1953, le pasteur Lee fut le premier homme dans le sud à entrer dans la Famille. Avant d'adhérer aux Principes, le pasteur Lee était un homme peu ordinaire. Beaucoup de ceux qui l'entouraient pensaient qu'il pouvait être Jésus. Lui-même pensait qu'il était peut-être Jésus. Il recevait de nombreux messages de Dieu. Après être devenus membres de la Famille, madame Kang et le pasteur Lee allèrent contacter. Madame Kang et le pasteur Lee furent les premiers à contacter.
Parfois cette femme évangéliste recevait des messages très forts de Dieu. Parfois elle en recevait comme une pluie de cadeaux. Un jour, elle partit explorer un nouvel endroit pour contacter. Elle y rencontra un vieil homme très pieux qui portait des vêtements Coréens traditionnels. Quand il vit cette femme évangéliste vêtue à l'occidentale et qui avait les cheveux courts, il lui dit avec mépris: "Quelle sorte de robe portez-vous ? Et vous avez les cheveux courts...". Et il la toucha.
Alors, tout à coup, il tomba et resta comme paralysé. Et les disciples de ce vieil homme, qui était aussi un leader religieux, se mirent à faire des reproches à cette femme et la chassèrent. Environ trois jours plus tard, le vieil homme mourut.
A cette époque, il y avait une église à Taegu, au nord de Pusan, et la nouvelle se répandit partout. Nos églises commençaient à être persécutées parce que les principes de l'Eglise de l'Unification étaient différents de ceux des autres églises chrétiennes, et parce que les personnes qui vivaient ensemble au sein de notre Eglise étaient très proches les un des autres, plus que des frères et soeurs dans une famille normale. Alors les gens trouvaient cela anormal.
En 1953, notre Maître vint à Séoul. Et en mai 1954 (il l'avait prévu pour le printemps 1954), il fonda officiellement l'Association pour l'Unification du Christianisme Mondial. A cette époque, elle n'était composée que de cinq membres, y compris notre Maître. La seule de ces cinq personnes qui, en plus de notre Maître, reste encore aujourd'hui, est Monsieur David S.C. Kim. Les autres sont morts ou ont quitté l'Association. Il y avait aussi d'autres membres, mais ils se trouvaient à Pusan ou à Taegu, si bien qu'ils ne participèrent pas à la formation de l'Association.
Dès que l'Association fut fondée, Monsieur Eu commença à donner des conférences. Alors beaucoup de nouveaux membres entrèrent dans la Famille, parmi lesquels des personnes très connues, de haut rang social. Beaucoup d'autres venaient aussi écouter les conférences sur les Principes Divins mais en fait n'entrèrent pas dans la Famille. Notre Maître dit à Monsieur Eu que peut-être il n'y aurait aucun nouveau membre jusqu'à l'automne, mais qu'il devait malgré tout continuer les conférences. Alors Monsieur Eu donna des conférences chaque jour. Au cours du printemps et de l'été, personne n'entra dans la Famille. Et les conférences continuaient chaque Jour.
En octobre 1954, une femme professeur de l'université Ewha, une université pour femmes, entra dans la Famille; dès lors, les portes de l'université étaient ouvertes. A partir de ce moment-là, beaucoup d'étudiantes et de professeurs de l'université Ewha, ainsi que d'autres garçons étudiants, entrèrent dans la Famille. Tout près de l'université Ewha se trouve l'université Yonsei, une importante université pour garçons. Des trois étudiants de cette université qui devinrent membres de notre Eglise, un s'en alla, un autre mourut et le troisième, le seul qui reste, est Monsieur Won-jin Hwang. Il est directeur et secrétaire général de l'association en Corée. C'est lui qui m'a contacté.
Environ à ce moment-là, beaucoup de nouveaux membres arrivèrent. Mrs. Won Pok Choï entra une semaine plus tôt. Environ une semaine plus tard entra Miss Kim. Beaucoup de personnes officielles importantes de l'association entrèrent à cette époque.
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SUCCES ET PERSECUSSION A SEOUL
A cette époque-là, il n'y avait aucune organisation dans notre Eglise. De même, il n'y avait aucune session de training. Ceux qui venaient écouter les Principes Divins le matin restaient jusqu'à midi, et les membres les invitaient à déjeuner. Puis ils écoutaient les Principes jusqu'à la tombée de la nuit, et on les invitait aussi à dîner. Après le dîner, puisqu'ils étaient restés toute la journée, on les encourageait à rester aussi pour la soirée. Alors commençait la conférence du soir qui se poursuivait et ne s'arrêtait plus. Pour ceux qui étaient supposés rentrer chez eux, la conférence aurait dû se terminer vers 9 ou 10 heures; mais elle ne s'arrêtait jamais. La conférence continuait et continuait. En Corée, il y avait un couvre-feu à minuit. Il vous fallait un certain temps pour rentrer chez vous. Cependant, quand arrivait onze heures, la conférence continuait toujours, sans une seule minute de pause. Même à onze heures trente la conférence continuait toujours. Elle ne prenait fin qu'aux environs de minuit. Alors notre Maître faisait son apparition dans la salle de conférence, accompagné de ses disciples. Monsieur Eu, le conférencier, présentait à notre Maître ceux qui avaient écouté cette conférence sur les Principes. C'était comme une espèce de routine.
Ainsi, après cette journée et cette soirée, vous n'aviez plus d'autre solution que de rester pour la nuit. On était alors en hiver, mais comme nous étions nombreux, grâce à la chaleur humaine nous n'avions pas froid. Quand il y avait peu de personnes, nous avions alors assez d'édredons, si bien que nous n'avions pas froid non plus.
Souvent, notre Maître demandait à ses premiers disciples de chanter. Ils ne chantaient pas très bien, mais j'avais l'impression d'entendre chanter des personnes célestes. Alors je me demandais d'où ils étaient venus, ces premiers disciples. Je voulait finir d'écouter les Principes Divins très vite pour aller dans ce lieu où les premiers disciples avaient été auparavant, parce que j'avais l'impression qu'ils étaient allés au Royaume des Cieux.
Le matin suivant, on me donna de l'eau dans une cuvette pour que je me lave le visage, et on m'offrit à déjeuner. Puis, comme j'avais déjà passé une journée avec eux, ils m'encouragèrent à rester un jour de plus. Alors la conférence se poursuivit jusqu'au soir et pendant toute la soirée. Pour suivre le cycle entier des conférences, il fallait trois jours et trois nuits. La seconde nuit, je dus rester dormir encore. Et le jour suivant, ils me traitèrent très cordialement, me donnant de l'eau pour me laver et m'offrant à déjeuner. Ce jour-là, ils insistèrent vraiment pour que je reste encore. Puisque j'avais déjà passé deux jours et deux nuits avec eux, ce jour-là serait le dernier, et ainsi j'aurais écouté toutes les conférences. Puis les membres les plus anciens apportèrent des gâteaux et des biscuits, et l'atmosphère devint si céleste et leur amour était si pur que la plupart des personnes étaient profondément enchantées par cette atmosphère.
Monsieur Ahn était venu quelques jours avant moi. Pendant une conférence, il demanda: "Est-ce que Dieu approuve ces Principes ? Est-ce que Jésus approuve ces Principes ?" Monsieur Eu lui répondit que oui, que Dieu approuvait les Principes. Alors Monsieur Ahn dit: "Alors c'est parfait". Et tandis qu'il écoutait la conférence, il n'arrêtait pas de se donner des tapes sur les cuisses et de pousser des exclamations. C'est ainsi que se terminaient les trois jours de conférences pour la plupart des personnes.
C'est environ à cette époque que notre Maître fut arrêté. Il fut notamment accusé de séquestrer illégalement des gens pendant trois jours. Cela arriva parce que quelqu'un de nos membres avait contacté un ami et que celui-ci ne devint pas membre de l'Association. Il alla raconter à la police qu'on l'avait séquestré.
A cette époque, nous avions tous l'impression que le Royaume des Cieux s'installait sous nos yeux, et nous sentions entre nous des liens d'amour très étroits, comme entre frères et soeurs. On disait que ceux dont les ancêtres avaient beaucoup de mérite étaient les premiers à recevoir les Principes Divins, de même que le soleil atteint d'abord les sommets les plus hauts de la montagne. Souvent quelqu'un venait demander: "Quand es-tu arrivé ?" Et si vous répondiez par exemple: "Il y a trois jours", on vous disait: "Oh, tu dois avoir des ancêtres de grand mérite. Moi, je ne suis arrivé qu'aujourd'hui, tu penses que ça va?" Chacun ressentait l'urgence. Chaque jour était extrêmement important. Mais aujourd'hui, que quelqu'un ait un an de plus que vous dans la Famille ne signifie plus grand chose. Et même deux ou trois ans... Nous ne ressentons plus la même urgence.
Ce moment ressemblait à notre époque de témoignage à Pyongyang. Quand notre Maître était à Pyongyang, les gens venaient et restaient manger tous ensemble, et ne savaient pas quand retourner chez eux. A Séoul, tout se passait comme à Pyongyang. Souvent, notre Maître et ses disciples passaient la nuit à chanter et à prier, et quand ils regardaient dehors, le jour se levait déjà. A cette époque également, chaque fois que l'occasion se présentait, notre Maître conduisait ses disciples dans la montagne. Dans les premiers temps de l'Eglise de l'Unification, les membres les plus anciens et notre Maître ont visité tellement de montagnes qu'il ne reste pas une seule montagne près de Séoul où nous ne soyons allés.
Nous menions alors une vie de rêve, mais les gens de l'extérieur qui s'opposaient à nous vivaient dans des conditions bien différentes. D'autres personnes commençaient à avoir des doutes au sujet de l'Eglise de l'Unification et se mirent à nous persécuter. En mars 1955, cinq professeurs furent renvoyés de l'université Ewha et de l'université Yonsei. L'université leur avait demandé de choisir entre deux solutions ou bien ils partaient pour l'Eglise de l'Unification, ou bien ils cessaient tout rapport avec elle. Ils firent savoir qu'ils n'abandonneraient pas leur foi en l'Eglise de l'Unification et ils ne firent rien pour ne pas être renvoyés.
J'aimerais vous expliquer la situation de ces cinq professeurs d'université. L'un d'entre eux était un homme, diplômé d'une université Japonaise, l'université Kyung San, et il était président de la section de littérature Coréenne. Il y avait aussi cette femme professeur qui nous ouvrit les portes de l'université Ewha. Elle était professeur assistante de littérature anglaise, et elle dirigeait la cité universitaire pour étudiantes. Elle était très profondément chrétienne. De nombreuses étudiantes la respectaient. C'est pourquoi beaucoup d'étudiantes de la cité universitaire qu'elle dirigeait vinrent aux Principes Divins. Et l'université commença à les opprimer très fortement.
Il y avait aussi Miss Young Oon Kim. Miss Kim fit des études de théologie au Japon et au Canada, et vint comme professeur à l'université Ewha. A cette époque, Miss Kim était une intellectuelle très connue dans la société Coréenne. Beaucoup de gens qui avaient entendu ses conférences sur la religion ne pouvaient pas l'oublier, et ils l'admiraient beaucoup. Elle prit l'initiative de créer un programme d'études sur le christianisme. Elle avait elle-même créé cette section dont elle était la directrice Elle était professeur assistante; elle n'était pas diplômée de l'université Ewha. Traditionnellement, seul les diplômés de l'université pouvaient se présenter comme candidats à la présidence de l'université; mais, bien qu'elle ne fut pas diplômée de l'université Ewha, Miss Kim faisait cependant partie des candidats. La présidente de l'université à cette époque lui demanda de se rendre à l'Eglise de l'Unification pour voir si ce qu'on y enseignait était vrai ou faux, et la chargea de ramener à l'université toutes ces étudiantes. A partir de cela, nous voyons quelle confiance la présidente avait en Miss Kim.
Il y avait aussi Madame Won Pok Choï. Elle était professeur assistante de littérature anglaise. Elle était aussi directrice d'un centre d'orientation pour étudiants à la faculté de droit de l'université Ewha. Elle est diplômée de l'université Ewha. Elle était aimée de beaucoup de ses collègues professeurs et admirée par beaucoup d'étudiants. Quant à Madame Yoon-Yung Yang, un autre membre qui est actuellement en Corée, elle était professeur de chant. Ainsi nous voyons que de nombreux professeurs compétents devinrent membres de l'Eglise de l'Unification.
Il y a aussi un autre professeur qui fut renvoyé par l'université Yonsei; ce professeur s'appelle Mr. Pak. Il occupait également une situation importante à l'université Yonsei.
Alors les églises chrétiennes s'opposèrent à nous davantage et nous persécutèrent encore plus; et les nouvelles concernant l'Eglise de l'Unification circulèrent dans tout le pays. Le 11 mai, les étudiantes de l'université Ewha qui s'étaient jointes à notre Eglise furent renvoyées. On leur avait également demandé de choisir: soit rester à l'université, soit faire partie de notre Eglise. A cette époque, plus de 1OO étudiantes étaient membres de notre Eglise. Le résultat de l'ordre impératif de l'université fut que seulement 13 membres choisirent l'Eglise, et tous les autres restèrent à l'université. Environ la moitié de ces 13 étaient dans leur dernière année d'étude. Au commencement, les journaux écrivaient des articles en faveur de notre Eglise. L'université Ewha est une université chrétienne. Cependant, ces étudiantes représentaient de nombreuses religions différentes. Certaines avaient des parents bouddhistes ou confucianistes, ou des parents qui ne croyaient en rien. Il y avait même des filles de shamans. Quand toutes ces étudiantes furent renvoyées de l'université, les journaux posèrent cette question: pourquoi cette université ne refuse-t-elle que les membres de l'Eglise de l'Unification ? Plus tard nous avons appris que la direction de l'université et de hauts fonctionnaires du gouvernement, tous appartenant à un même groupe chrétien avaient décidé de supprimer complètement l'Eglise de l'Unification.
PRISON, PROCES ET ACQUITTEMENT
On fit courir des rumeurs qui se répandirent dans tout le pays. A mon avis, ces rumeurs avaient été créées par des gens qui n'avaient rien de mieux à faire. On accusa l'Eglise de l'Unification de tout ce qu'il est possible d'imaginer. Par exemple, certains disaient que des hommes et des femmes vivaient tout nus dans le sous-sol, alors que notre centre n'avait même pas de sous-sol. Nous n'avions qu'une seule pièce sombre qui se trouvait au premier étage et que certains de nos membres utilisaient pour développer des films et faire des photos. Mais cette pièce était tellement petite qu'elle ne pouvait même pas contenir deux personnes. A cette époque, nous faisions des photos en couleur qui pouvaient représenter soit un paysage, soit une actrice célèbre, et que nous vendions dans la rue. C'était la principale source de revenus de notre église.
Certaines rumeurs disaient que si vous alliez à l'Eglise de l'Unification, on vous enlevait vos vêtements. Une évangéliste d'une église chrétienne vint nous voir. Elle avait une très forte personnalité et des manières d'homme. Elle vint pour voir si toutes ces rumeurs étaient vraies ou non. Elle portait sept épaisseurs de vêtements. Elle portait des sous-vêtements avec toutes sortes d'épingles pour que personne ne puisse les lui enlever, et par-dessus elle portait sept épaisseurs de vêtements. Elle avait prévu de s'enfuir en courant au cas où l'on commencerait à la déshabiller. Elle pensait que peut-être quelqu'un l'empoignerait et qu'il se pût qu'elle perdit quelques vêtements. Elle craignait d'en perdre encore avant d'atteindre la porte, c'est pourquoi elle portait plusieurs épaisseurs de vêtements. Elle avait envisagé la possibilité que quelqu'un pût tenter de la déshabiller, mais rien de tel ne se produisit. Par la suite, elle devint membre de la Famille; mais nous quitta au bout de plusieurs années.
Au mois de juillet, notre Maître fut arrêté; et à peu près à la même époque, deux étudiants de l'université Yonsei furent renvoyés, dont Monsieur Fong. Entre-temps, la police fit de nombreuses enquêtes. Les plus hauts chefs de la police vinrent eux-mêmes à notre centre pour faire une enquête à la suite de toutes ces terribles rumeurs. Quand ils vinrent pour la première fois, ils étaient très soupçonneux et la peur se lisait sur leurs visages, mais après qu'ils eurent discuté avec notre Maître pendant une heure environ, ils s'en allèrent avec des visages heureux. Ils se comportaient presque comme s'ils avaient été membres de la famille, et ils prièrent notre Maître de faire appel à eux au cas où ils pourraient lui être d'une aide quelconque. Le 4 juillet, un lundi, des policiers vinrent discuter avec notre Maître. Ils lui dirent qu'ils aimeraient lui poser d'autres questions et le prièrent de les accompagner au poste de police. Notre Maître leur dit: "Mais nous pouvons très bien parler ici". A cela les policiers répondirent qu'ils avaient une voiture avec eux et qu'il n'y avait donc aucune difficulté; et que s'il n'avait pas confiance, il pouvait demander à quelques-uns de ses disciples de l'accompagner.
Alors notre Maître se rendit au poste de police, accompagné de Monsieur Eu, l'ancien président de l'Association en Corée, et de Miss Kim. Tandis qu'on interrogeait notre Maître, le temps passa et il fut bientôt minuit. Les policiers leur dirent: "Nous avons encore d'autres questions à poser à Monsieur Moon. Nous proposons que Monsieur Moon reste;ci et que vous rentriez chez vous". Monsieur Eu et Miss Kim essayèrent de discuter avec les policiers, disant qu'ils préféraient rester là. Mais les policiers leur dirent que ce n'était pas nécessaire, que Monsieur Moon serait bien traité, et qu'ils pouvaient retourner chez eux. Après avoir discuté un certain temps, ils durent rentrer. Le lendemain matin, en lisant les journaux, ils virent en gros titres que Monsieur Moon, de l'Eglise de l'Unification, avait été arrêté. Cela devint alors le sujet de toutes les conversations.
On eût dit que notre église s'était transformée en une maison funéraire. Le lendemain, M. Won Pil Kim fut arrêté. Le jour suivant, le propre frère et le cousin de M. Eu (deux M. Eu) furent arrêtés au poste de police. Une semaine plus tard, M. Eu lui-même fut arrêté. Ainsi cinq responsables officiels de notre association furent arrêtés.
Dès l'instant où notre Maître se rendit au poste de police, les jeunes hommes restèrent ensemble pour prier. Puis tous les autres membres se mirent aussi à prier. Ils commençaient le matin à 3 heures, puis reprenaient à 6 heures, puis à 9 heures, puis à midi; et ils continuaient à prier ainsi toutes les 3 heures. Et ils avaient aussi un office. Un reporter vint à l'église au cours d'un week-end à un moment où il n'y avait pas de service, et il prit une photo de la chaire. Il n'y avait personne dans la pièce, et il écrivit dans son journal: "Tous ont quitté l'église". Ce fut une époque où nous avions du mal à vendre nos photos. L'église elle-même avait des difficultés financières. Et nous avions aussi besoin d'argent pour aider notre Maître en prison. Ce fut donc une époque très difficile.
Cela peut sembler surprenant, mais quand nous allions à la prison pour voir notre Maître, nous nous réjouissions parfois parce que cela nous donnait l'occasion d'avoir une rencontre très intime avec lui. En d'autres circonstances, nous n'aurions pas eu cette chance de pouvoir échanger une poignée de main avec lui, mais quand nous nous rendions à la prison, il nous donnait toujours une chaleureuse poignée de main. Le dimanche après-midi, après l'office, nous établissions entre membres de la Famille le programme des visites pour la semaine. Toute personne n'était autorisée à se rendre dans la salle des visites qu'une seule fois par jour, mais trois personnes pouvaient s'y rendre en même temps. Aussi nous prévoyions parfois trois personnes pour chacun des membres en prison: trois pour notre Maître, trois pour M. Eu, trois pour chacun des deux autres M. Eu et trois pour M. Won Pil Kim, si bien que 15 d'entre nous pouvaient y aller en une seule fois. Parfois nous n'étions pas suffisamment nombreux pour rendre visite à chacun des cinq membres, si bien qu'il arrivait que l'un d'eux ne voie personne. Mais, quant à notre Maître, il n'y avait pas un seul jour où nous ne lui rendions visite.
Quand nous allions voir notre Maître, nous commencions toujours par lui serrer la main. Alors le gardien nous disait que cela était interdit. Il disait que cela faisait partie du règlement; un prisonnier n'avait pas le droit de serrer la main aux gens de l'extérieur, car on craignait qu'ils pussent échanger quelque message secret tout en se serrant la main. Mais quand nous allions rendre visite à notre Maître, nous prenions toujours quelque chose pour soudoyer le gardien; c'était souvent quelque chose comme un paquet de cigarettes. Les chrétiens en Corée ne fument pas et parfois refusent même de toucher du tabac. C'était la quatrième fois que nous donnions quelque chose au gardien. Quand on voulut lui donner un paquet de cigarettes, il commença par refuser. Je ne savais que faire de ce paquet de cigarettes qu'il refusait, mais notre Maître s'en saisit et le donna lui-même au gardien, presque en le lui jetant.
Alors nous nous sommes sentis soulagés. Nous avons senti aussi que, même s'il était en prison, nous devions compter sur notre Maître. Tandis que nous parlions, le gardien écoutait notre conversation. Habituellement nous nous excusions auprès de notre Maître de n'avoir pas accompli notre responsabilité. Et notre Maître nous disait: "Il ne faut pas penser cela. Est-ce que notre Père du Ciel vous a révélé quelque chose ?" Alors nous lui disions: "Oui, notre Père nous a révélé telle et telle chose". C'était souvent la tournure que prenaient nos conversations. Les phrases elles-mêmes étaient simples et ordinaires, mais, parce que leur signification était intérieure, le gardien ne savait pas de quoi nous parlions.
Au début, le gardien notait nos conversations, mais, au bout d'un moment, il se dit: "Bah ! cela ne veut rien dire". Et il négligea de noter ce que nous disions. Finalement, il n'y prêta plus la moindre attention et attendait seulement que le temps passe. Et comme il recevait des "pots-de-vin", c'est-à-dire son paquet de cigarettes, il nous accordait parfois du temps en plus. Puis, quand il voyait que nous cessions de parler, il disait: "Bon, il faut finir maintenant". Et comme on se levait, de nouveau nous nous serrions la main. Alors le gardien se mettait en colère parce qu'il nous avait déjà dit de ne pas le faire; mais c'était trop tard, nous l'avions déjà fait.
Après être venus rendre visite à notre Maître, les membres de la Famille ne rentraient pas immédiatement chez eux. Ils sortaient de la prison et restaient à l'extérieur. Ils attendaient dehors pour voir notre Maître et les autres membres qui regagnaient leurs cellules. Quand l'heure de la visite approchait, les membres de la Famille venaient tous ensemble jusqu'à la prison, puis, un par un, ils entraient voir notre Maître, Celui qui le premier avait terminé sa visite attendait les autres; puis, tous ensemble, ils retournaient à l'extérieur.
Alors le gardien venait leur dire de sortir immédiatement; et ils partaient faire un petit tour quelque part, puis ils revenaient. Un autre gardien venait et les repoussait. Ils se rendaient alors à un autre endroit, attendaient un moment, et revenaient encore. Ils étaient comme des feuilles emportées par le vent; ils allaient de-ci de-là à l'extérieur de la prison. Puis leur mission prenait fin.
On avait tellement parlé de l'arrestation de notre Maître que les autres prisonniers le considéraient comme un homme mauvais et dangereux. Ils avaient peur de lui. Les nouvelles se répandaient plus vite parmi les prisonniers que dans le monde extérieur. Un prisonnier fit savoir à un autre que, ce Jour-là, le chef de l'Eglise de l'Unification avait été empoisonné. Alors cet autre prisonnier se mit à montrer du doigt notre Maître. Et tous se comportèrent comme s'ils voyaient vraiment un grand criminel. Mais ensuite ils virent que cet homme était au contraire très doux, très chaleureux, très gentil. Alors les gardiens et les prisonniers pensèrent que M. Moon, le chef de l'Eglise de l'Unification, n'était pas très intelligent ou pas très instruit. Ils voyaient en lui un imbécile au coeur tendre.
Puis ils virent ceux qui lui rendaient visite. Ils virent des hommes distingués, apparemment aisés, et des femmes bien habillées qui avaient des situations très confortables dans la société, et toutes ces personnes avaient une attitude très humble devant lui, s'inclinaient devant lui, et l'appelaient "maître". Alors les prisonniers changèrent d'avis. Voyant tous ces gens aisés venir à lui et avoir de l'admiration pour lui, ils pensèrent que certainement M. Moon valait mieux qu'eux. Ils commencèrent à sentir que M. Moon était un homme très admiré et très respecté. Quand j'allais voir notre Maître, un gardien me dit que M. Moon et M. Eu étaient les personnes les plus importantes de notre pays.
Nous apportions toujours de la nourriture pour notre Maître, mais nous ne pouvions le faire pour les quatre autres membres car nous n'avions pas assez d'argent. Il y avait aussi en prison un autre M. Eu qui n'était pas membre de notre Eglise. Il avait six ans de plus que notre Maître, et il était estropié. Notre Maître avait beaucoup de compassion pour M. Eu et il lui faisait parvenir secrètement par l'intermédiaire du gardien, toute la nourriture qu'il recevait. Parfois cette nourriture était transmise par l'intermédiaire de prisonniers qui étaient là depuis longtemps déjà et qui assuraient le nettoyage tantôt à l'intérieur de la prison, tantôt à l'extérieur.
Il était interdit de faire circuler de la nourriture ou quoi que ce fut à l'intérieur de la prison; à plus forte raison, il n'était pas question de demander aux gardiens de le faire. Cependant, très vite les gardiens et les autres prisonniers commencèrent à aimer et à respecter notre Maître, et c'était pour eux un honneur que de faire ce qu'il demandait. Un jour, le voisin de cellule de M. Eu demanda à M. Eu: "Comment deux hommes comme vous peuvent-ils en arriver à s'aimer l'un l'autre à ce point ?", voulant dire par là que seuls un homme et une femme peuvent s'aimer autant l'un l'autre.
De temps en temps, notre Maître paraissait au tribunal pour le procès. Alors tous les membres de la Famille se rendaient au tribunal et remplissait la salle d'audience parce que là chacun pouvait voir le visage de notre Maître. Quand notre Maître venait au tribunal, on le conduisait d'abord dans une salle d'attente, puis il entrait dans la salle d'audience à l'ouverture de la séance. Alors, nous nous mettions en ligne sur deux rangs pour que notre Maître puisse passer au milieu de nous, et, quand il passait, nous nous inclinions tous. Quelques jeunes garçons, des cireurs de chaussures, disaient que c'était peut-être le roi d'un pays quelconque qu'on avait arrêté.
Le secrétaire qui enregistrait la séance dit que si M. Moon s'était attiré autant de respect et d'admiration pour être allé en prison, alors il voulait bien être emprisonné lui aussi.
Il y avait là deux avocats. L'un d'eux était un homme au coeur très généreux, mais n'était pas très compétent; il ne parlait pas très bien. Par-contre, il savait s'arranger pour faire parvenir de la nourriture à notre Maître et il nous faisait des petites faveurs de ce genre; alors nous l'utilisions de cette façon. L'autre avocat était très compétent et très intelligent. Mais si des membres de la Famille lui avaient demandé de faire transmettre un déjeuner à notre Maître, il leur aurait sans doute répondu: "Bah ! M. Moon n'en mourra pas s'il saute un repas; alors, s'il vous plaît, plus de choses de ce genre". Et jamais il n'accordait de faveur. Par contre, il parlait très bien et il défendait très bien notre Maître.
Au tribunal, les avocats de l'accusation ou le procureur parlaient de notre Maître et de M. Eu en disant: "les accusés", mais cet avocat parlait toujours d'eux en disant: "M. Moon" et "M. Eu". Alors, quand il parlait, l'atmosphère était très bonne, et les gens sentaient qu'ils avaient affaire à des hommes très respectés. Plus exactement, l'avocat les appelait "Maître Moon" et "Maître Eu".
C'est ainsi qu'après une telle défense, toutes les accusations furent levées, sauf une: celle de ne pas être allé à l'armée. Mais pour lors notre Maître et les autres membres étaient passé pour exempts des obligations militaires. Ne pouvant retenir aucune autre accusation contre notre Maître, ils s'attachèrent à celle-là.
L'avocat les défendait très bien, légalement, toujours en les appelant "Maître Moon" et "Maître Eu". L'avocat dit une fois: "Monsieur Moon est trop loyal. Beaucoup de gens préfèrent la culture occidentale et tout ce qui vient de l'occident, ne le savez-vous pas ?" Puis il dit en s'adressant à notre Maître: "Si vous étiez sage, vous feriez venir un occidental et vous diriez aux gens que ces Principes viennent de lui. Ainsi il n'y aurait aucun problème. Vous pourriez prendre un occidental de bonne présentation, vous lui mettriez une cravate, et vous pourriez dire aux gens que ces Principes viennent de lui". Et il continua: "Mais vous insistez obstinément pour dire que ces Principes viennent de vous; or les gens n'aiment pas ce qui vient de leur propre pays, alors naturellement ils s'y opposent".
Elder Sun, l'un de nos membres, suggéra que, lorsque le juge annoncerait que notre Maître était innocent, tous les membres de la Famille se tiennent par la main et crient de joie tous ensemble de toutes leurs forces. Alors enfin le juge annonça que tous étaient innocents. Il commença par M. Won Pil Kim et M, Eu, et dit pour finir "Sun Myung Moon, innocent !" Alors tous en larmes nous avons remercié notre Maître. C'était le 4 octobre, exactement 3 mois après leur arrestation.
Ensuite, nous sommes tous retournés au centre. C'était la troisième location depuis la fondation de notre association. Nous nous sommes tous réunis, et notre Maître a parlé et a chanté. C'était comme s'il était de retour après une tournée de conférences, tellement l'atmosphère était détendue et naturelle. Ce matin là, je m'attendais à ce que notre Maître soit libéré et revienne; aussi, pendant la journée, j'écrivis un poème intitulé "Matin radieux". Et quand notre Maître fut de retour au centre, je le lus pour lui. S'il y avait eu la moindre possibilité pour que notre Maître ne fut pas libéré, alors mon poème n'aurait eu aucune valeur. Quelques jours plus tard, il y eu une grande fête pour célébrer le retour de notre Maître. Je lus le poème encore une fois, et, depuis, ce poème a été lu tous les 4 octobre.
Le 7 octobre, trois jours après la libération de notre Maître, le centre fut transféré à Chung Pa Dong, notre location actuelle. Et après cela, les contacts commencèrent de façon vraiment intensive. Même après cela, il y a eu beaucoup de persécutions et des difficultés, mais il n'y a eu aucun événement très grave tel que l'emprisonnement de notre Maître.
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